Paris s’affirme plus que jamais comme une place forte pour les « autres objets de collection » tels que voitures anciennes, livres, BD, timbres, monnaies (+ 29 millions).
Le marché français des enchères a atteint en 2014 son plus haut niveau historique, selon le rapport que vient de publier le Conseil des ventes volontaires : 2,5 milliards d’euros. On pourrait s’en réjouir. Sauf que la progression est limitée (2,2 %), après une évolution plus faible encore en 2013 (0,6 %), comme le souligne sa présidente Catherine Chadelat. Et par ailleurs le secteur véhicules d’occasion et matériel industriel, après une régression en 2013 de 4,4 %, enregistre une nette reprise cette année (5,5 %), caractéristique des périodes de crise (les Français achètent moins cher).
Enfin le secteur arts et objets de collection, qui avait modestement progressé en 2013 (3,3 %), est en léger repli cette fois de 1,1 %, à 1,25 milliard d’euros. Pendant ce temps à l’international, la croissance mondiale aura été de 7 % sur ce segment, portée par les performances des Etats-Unis (+ 20 %) et du Royaume-Uni (+ 26 %), qui s’adjugent désormais respectivement 34,1 % et 16,8 % des ventes. Et si Paris s’affirme plus que jamais comme une place forte pour le design et les arts décoratifs (+ 21 millions), les « autres objets de collection » tels que voitures anciennes, livres, BD, timbres, monnaies (+ 29 millions) ou les arts d’Asie, la capitale enregistre un recul dans l’art contemporain (- 25 millions) à l’heure où New York et Londres accumulent les records.
Finalement, c’est sur le secteur chevaux que la progression, constante, est encore une fois la plus forte, près de 11 % (à 144 millions), portée par une seule firme représentant 92 % des ventes : Arqana. Ainsi, « force est de constater que ce sont les chevaux, d’une part, les véhicules d’occasion et matériel industriel, d’autre part, qui font que le marché français des ventes aux enchères progresse encore cette année », poursuit Catherine Chadelat.
Une maison de vente sur deux en baisse
Autres éléments marquants, la concentration toujours plus forte autour de quelques opérateurs, et l’usage sans cesse plus grand de l’Internet (+ 31 % pour les montants adjugés en ligne). Ainsi dans l’art, le rapport souligne les bonnes performances du Top 20 des maisons de vente (66 % du marché contre 63,8 % en 2013) et un poids toujours plus prépondérant des trois premiers (Sotheby’s, Artcurial, Christie’s en 2014) lié à leur ouverture internationale. Mais il note de réelles difficultés pour une majorité d’opérateurs du secteur, un sur deux déclarant une baisse d’activité par rapport à 2013, ce qui était déjà le cas l’an passé.
Pourtant ces maisons se donnent du mal. Comme le souligne la présidente du CVV, « la profession s’est largement engagée dans la voie du renouveau : restructuration, politique nouvelle de localisation des ventes, coorganisation de ventes, émergence de secteurs comme la bande dessinée… » Un mouvement qui devrait s’accélérer pour les maisons pratiquant à la fois des ventes aux enchères volontaires et judiciaires, prédit Catherine Chadelat : la loi Macron prévoit en effet, à moyen terme, le regroupement des activités de commissaire-priseur judiciaire et d’huissier de justice, au sein d’une même profession de « commissaire de justice ».
Enchères : le modèle français
Dans le contexte international actuel, lourd de risques pour le patrimoine culturel mondial, avec le développement des trafics d’antiquités et d’oeuvres d’art, et celui du blanchiment, le modèle français des enchères, plus surveillé que d’autres, prend tout son sens, estime encore la présidente du CVV. « Les commissaires-priseurs sont des partenaires incontournables de premier plan dans la politique de transparence qui s’impose plus que jamais », observe-t-elle. Le Symev, syndicat de la profession, regrette d’ailleurs que le CVV fasse parfois de l’excès de zèle et ait « un goût immodéré pour la procédure ».
Source : LesEchos.fr
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