Voitures de collection, antiquités chinoises et grands vins peuvent faire partie d’un portefeuille. Au même titre que les actions ou les obligations.
Les investisseurs mettent de la passion dans leurs portefeuilles. L’époque où les investissements n’étaient faits que de liquidités, d’obligations et d’actions est révolue depuis bien longtemps. Aujourd’hui, voitures de collection, antiquités chinoises et grands vins peuvent faire partie d’un portefeuille. La crise financière mondiale, la volatilité des marchés et les niveaux extrêmement bas des taux d’intérêt ont généré un besoin de diversifier le portefeuille et une demande croissante d’actifs physiques avec une valeur intrinsèque, en particulier lorsque l’offre de ces actifs est limitée.
Cette demande a tiré vers le haut les prix de nombreux investissements dits alternatifs comme les voitures anciennes, les grands vins, l’art, la joaillerie, les montres, les pièces de monnaie, les timbres et le mobilier.
Bien que l’investissement alternatif représente plus qu’une perspective de gain, plusieurs de ces investissements ont dégagé des rendements assez spectaculaires (même si, à l’évidence, il n’y a aucune garantie sur les performances futures).
Au cours de la dernière décennie, les voitures anciennes ont performé d’une manière remarquable. Bonhams, la célèbre maison de ventes aux enchères londonienne, a battu des records mondiaux lors de ventes de voitures Bentley et Rolls-Royce à son Festival de Vitesse en juin dernier.
En pole position figurait une Bentley «Blower» 1929 suralimentée, vendue pour plus de 5 millions de livres, prix le plus élevé jamais réalisé attribué à une voiture britannique lors d’une enchère. Suivait ensuite de très près «La Corgi», une Rolls Royce Silver Ghost de 1912, adjugée à 4,7 millions de livres, un record pour une Rolls-Royce.
Le prix des voitures de course classiques haut-de-gamme des années 1950 s’est également envolé. Néanmoins ces offres ne font pas des voitures anciennes un pari toujours gagnant: les modèles des années 1960, moins emblématiques, n’ont pas connu la même appréciation.
Les diamants et la joaillerie, particulièrement ceux provenant d’une marque de luxe, ayant appartenu à des personnages célèbres, sont également très recherchés. L’histoire a un prix – après tout, il est impossible de la reproduire. La rareté est une autre caractéristique d’importance. En avril 2013, Christie’s a vendu un diamant rose extrêmement rare de 34,65 carats pour 39,3 millions de dollars – faisant de lui le bijou le plus précieux jamais vendu par cette maison d’enchères.
Les objets d’époque, rares dotés d’une authenticité géographique, sont également très prisés. Par exemple, les objets anciens chinois, tels que la porcelaine, sont de plus en plus recherchés par les collectionneurs chinois, soutenant le marché au moyen de leurs fonds considérables.
Les performances étonnantes du prix de nombreux actifs alternatifs suffiraient en elles-mêmes à attirer les investisseurs, mais ce type d’investissement est davantage destiné à ceux qui se passionnent pour les objets qu’ils acquièrent. L’appréciation du prix doit être considérée comme une prime et non une condition préalable.
Certains actifs alternatifs peuvent cependant apporter les mêmes avantages que les actifs financiers, plus spécifiquement une diversification du portefeuille. Les rendements de ces produits ont souvent une faible corrélation avec ceux des marchés, par exemple, et leurs prix peuvent évoluer indépendamment.
Dans certains cas, ils peuvent augmenter alors que les actions baissent, et vice-versa.
L’attrait principal de ces actifs est leur tangibilité. Certains d’entre eux offrent également des avantages fiscaux dans certaines juridictions. Ainsi, au Royaume-Uni, les voitures de collection sont exonérées d’impôts sur les plus-values.
Bien que les investissements alternatifs soient en vogue, leurs marchés sont généralement très peu liquides – les chefs d’œuvre impressionnistes et les Ferrari à un million de livres ne changent pas de propriétaires très fréquemment. Ce manque de liquidité provoque une fluctuation des prix et rend ces actifs difficiles à évaluer et à vendre. Les investisseurs doivent donc impérativement bien comprendre leurs marchés. Ils doivent aussi être prêts à conserver ce type d’actifs sur le long terme.
Toutefois, s’ils sont sincèrement passionnés, ceci ne devrait pas être trop contraignant. En fait, rester suffisamment détaché de l’objet de sa passion pour en reconnaître le potentiel d’investissement et le vendre au bon moment pourrait s’avérer plus difficile.
Les rendements cités pour de nombreux actifs alternatifs ont été très probablement estimés sur la base d’un nombre relativement faible de transactions sur des marchés non réglementés, où la valorisation peut être partielle et opaque. Il existe quelques indices qui suivent, par exemple, les prix des grands vins ou des voitures anciennes. Néanmoins, ils répliquent l’univers sélectionné par le créateur de l’indice et peuvent donc être biaisés par ce processus de sélection.
Par ailleurs, il n’est possible d’investir dans aucun de ces indices et les prix des actifs individuels peuvent ne pas être représentatifs du marché ou de l’indice dans son ensemble. Par exemple, une caisse de Mouton Rothschild 1989 pourrait fournir une bonne indication de l’état du marché des premiers crus de Bordeaux, mais ne reflétera pas nécessairement l’état du marché plus large des grands vins. Et si les prix de caisses du même cru d’un château particulier sont en principe assez proches, cela n’est pas le cas pour l’art, où chaque œuvre est unique.
L’un des inconvénients principaux des investissements alternatifs par rapport aux actions et obligations réside dans le fait qu’ils ne génèrent aucun revenu. Aussi les grands collectionneurs d’art, de voitures ou de bijoux doivent planifier la transmission de ces collections. Etant des actifs physiques, même ceux qui ne nécessitent pas de maintenance peuvent demander un stockage particulier, comme les grands vins, ou un lieu sûr comme les bijoux et les diamants. Les investisseurs doivent prendre en compte ces coûts lors de l’estimation des rendements potentiels.
Cependant le stockage ne constitue pas un coût significatif dans le projet formidable d’investir dans des actifs alternatifs. Avant de commencer à envisager sérieusement de tels actifs, la plupart des investisseurs ont construit une fortune considérable et sont davantage motivés par leur passion et un désir d’acquérir quelque chose d’unique.
Source : L’AGEFI
Mohammad Kamal Syed
Global Head of Strategic
Solutions, Coutts
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