Le lot a été adjugé à Hongkong par la maison de vente aux enchères Zurich Asia.
Les deux timbres proviennent d’une planche dont l’effigie a été tirée, par erreur, à l’envers.
En 1941, l’ouvrier en charge de l’impression des planches des timbres de la République de Chine s’était sans doute vu réprimandé lorsque la photo du dirigeant nationaliste Sun Yat-sen était apparue inversée sur une planche d’une cinquantaine de timbres. Plus de soixante-dix ans plus tard, ces timbres uniques s’arrachent à prix d’or.
Proposés par la maison de vente aux enchères Zurich Asia, à Hongkong, deux timbres bleu et noir, issus de la fameuse planche défectueuse ont été ainsi adjugés à 5,52 millions de dollars hongkongais, soit environ 600 000 euros, à un enchérisseur anonyme. Bien au-dessus des prévisions: les deux timbres avaient été estimés entre 447 000 et 497 000 euros (580 000 et 645 000 dollars américains).
Selon la salle de ventes, ce prix établit «un nouveau record de vente aux enchères pour un timbre de la République de Chine», c’est-à-dire le régime au pouvoir de 1912 à 1949, entre la fin de la dernière dynastie impériale et la prise du pouvoir par les communistes. Ironie de l’histoire, l’actuelle République populaire de Chine, qui a destitué l’ancienne République de Chine, porte aujourd’hui aux nues les timbres à l’effigie d’un ancien dirigeant honni.
Alors qu’il ne subsiste dans le monde qu’une seule autre paire de ces timbres à l’effigie du «père de la Chine moderne», un timbre issu de cette même planche avait déjà été adjugé à 2,41 millions de dollars hongkongais en mars dernier.
Pour Louis Mangin, directeur de Zurich Asia, «les timbres chinois – vendus aux enchères – sont devenus un véritable phénomène et représentent plus de la moitié du marché mondial». Depuis le milieu des années 2000, les maisons de vente aux enchères ont pu assister à une flambée sans précédent des prix des objets d’art provenant de Chine continentale du fait d’acheteurs asiatiques nouvellement fortunés pour qui ils ont une valeur culturelle et historique bien plus importante qu’aux yeux des acheteurs occidentaux. L’année dernière, la Chine représentait 41,5 % du marché mondial des enchères. Le chiffre d’affaires de ces ventes a atteint 4,8 milliards de dollars, en hausse de 38 %. C’est un peu moins de deux fois supérieur aux ventes américaines, et près de dix fois la taille du marché français.
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